La Gardienne du Cimetière

FABIEN DE LA NOISETTE



– Tu sais quoi? – lui dis-je, pendant que j'étendais mes jambes sur le canapé et dégustais une tasse de camomille, – il me semble de te connaître, cette perruque évoque en moi des sentiments d'un passé lointain...
– Eh, eh, ma chère, tu dis bien: en effet nous nous sommes déjà rencontrés dans une vie antérieure!
– Vraiment? De quelle vie parles-tu?
– D'une ici, à Paris, dans la première moitié du XVIIIe siècle.
– Oh, comme c'est bien, la période rococo... Le roi était Louis XV, je pense.
– Exactement, tu es bien informée.
– Eh bien, réminiscences de l'école. Mais dis-moi, qui étais-je??
– Tu ne le devines pas?
– Je ne sais pas... Une boulangère? Une poissonnière?
– Bien sûr que non, qu'est-ce que tu vas imaginer... Tu étais un personnage beaucoup plus important et influent.
– Louisin, s'il-te-plais ne me fais pas languir.
– Et alors... Tu étais le roi, ma chère!
– Non, vas-y, je ne le crois pas! Sérieusement?
– Oui, ah, je plaisante, hihihi! Je t'ai dit que je suis un peu taquin! – s'exclama Louisin en riant.
– Zut, dis-moi la vérité...
– Oui, oui, maintenant je parle sérieusement: tu étais la favorite du roi, madame de Pompadour.

Traduit de l'italien
par Alain Balocco

Couverture par
Diego Luci